Aurore "royale" sur la voie de Fratteau

Chaque année, après la course, le trail écrit « ses mémoires » et revient sur sa dernière édition. 2014 aura été celle de sa centenaire -Zélie- de son arrière-petite fille -Aurore- qui lui tira sa révérence en remportant l'une des deux épreuves au programme. Celle aussi d'un château voisin -Fratteau- posé sur son tertre neuvicois dont le lustre restauré par le minutieux et esthète propriétaire apporta lui aussi sa contribution à l'événement, le charme de sa pierre dans un détours royal, comme un hommage de plus rendu à « la Dame aux pieds nus ». (C'est le texte qui donna lieu à l'article écrit par Bruno Boucharel dans Sud-Ouest)

Trail des Fontaines ou de « Fontmoure ». C'est selon. C'est par le nom du petit hameau aux allures d'irréductible village gaulois que s'est fait connaître la course pédestre du mois d'août. Ou le mirage plutôt d'un événement sans lendemain qui chaque année conduit à sillonner ses coteaux jaunis de carte postale L'épisode sourzacois tient un peu du cévenol, sans en produire les tragiques effets : il déboule comme un orage d'ivresse, puis se noie dans l'abîme circonspect de beauté sereine. Il électrise tout le bastion taiseux, chevalier servant d'une belle aux yeux boisés, de verdure parée telle l'odalisque sur son palanquin, enchantée de sentiers de connivence.

La quatrième édition vient de s'y dérouler. À Fontmoure, la bien nommée où les vertus des eaux des fontaines ne sont plus à prouver puisque c'est ici que vit « la Zélie », depuis toujours ou presque. Cent ans exactement ! Qui se disent vite, plus vite encore baskets aux pieds, elle qui les célébra en juin dernier, la gourmandise aux lèvres sucrée de tous les siens. Souvenir. C'est déjà elle, il y a moins, qui donna le départ de la première édition du trail aux boucles de chez elle. Ce dimanche, à l'ombre du noyer, elle préféra suivre d'un peu plus loin (comme René d'ailleurs) et laisser sans regrets -non point- à d'autres la route vers Fratteau.

Zélie de son domaine de Fontmoure sait que la vie de château n'est pas pour elle. Tant d'années ne lui ont pas fait tourner la tête. Son sillon, elle l'a creusé, elle l'a gratté à la force du poignet et noirci de ses ongles de labeur sans relâche pour que d'autres s'invitent et viennent cueillir au bout du crépuscule l'aube ravissante du lendemain. Comme Aurore, qui porte bien son nom, l'une des petites dernières, princière sur la voie des 11 Kms qu'elle vînt pugnace conquérir dans un assaut de haute noblesse, rendant ainsi un vibrant hommage à son aïeule. À Fontmoure comme ailleurs, bon sang ne saurait mentir.