Les grues signent, dans le ciel lait cru de leurs ailes qui chantent, le retour des beaux jours pendant que, sous la même chape molletonnée de douceur à l'air mièvre, j'agresse l'existence d'indolence et d'apathie. Comme une réponse vaine, un coup de moins bien assené malgré moi pour qu'elle comprenne que je me sens trahi, floué par ce qui arrive, le carnaval d'un hiver travesti et mes cinquante piges.
Envolées toutes, essaimées au vent mauvais d'une aspiration diffuse dont je crois m'échapper, et qui me rattrape. Illusoire quarantaine où je me prélasse et tente de goûter à la plénitude. L'homme, hélas, dans ce cirque qu'est la vie, n'est jamais mieux desservi que par lui-même et de lui n'a rien à attendre non plus. A moins de se tourner vers le ciel et dans la trace laissée par le V des oiseaux du voyage de suivre ses rêves d'autres saisons.