Balle de ... quatre vingts !!!

En pays foyen, les papis font de la résistance. Et pour cause ! Ce n'est pas tous les jours qu'on fête les quatre vingts ans du club de tennis du coin. Pour l'occasion, les mamies, qui s'en portent pas mal non plus avec leur air de ne pas y toucher de parisienne, avaient dressé des tables rondes dans enfilade des rectangles de terre battue. On y jouait, sur le central, un tango argentin, d'une volupté sereine qui donna le "la" à une auguste veillée. Les amuse-bouche distillés à 1/6 mirent en appétit et firent couler plus de bière que d'encre cette année auprès des aficionados réunis et désireux de vivre une joute à la loyale entre deux spécialistes du jeu. On ne pouvait pas mieux rêver. L'hommage sportif ainsi rendu à l'illustre et noble octogénaire ravit et conquit les sufrages de tous. Mais on n'avait encore rien vu. Ni manger d'ailleurs. C'était l'heure, pour nous béotiens venus sur les bords de la Dordogne en voyage initiatique, de découvrir ce petit monde à part, presque sectaire, fait d'irréductibles joyeux drilles et de quelques gentils ayatollahs, d'une cause dite foyenne qui n'est en l'occurrence qu'espièglerie et joie de partager ensemble une bonne et rieuse tranche de vie.

Qui schroumpfe, quand ça lui prend, qui se déguise à tout bout de champ et qui pour fêter comme il se doit cet anniversaire, avait réuni autour d'un délirant karaoké et sa maîtresse - Mathide- de cérémonie, la copie presque conforme de Michel Polnareff, crinière au vent et patte d'eph chevrotante. Les Rolling Stone porté par un assourdissant play back (à moins que ce ne fût l'inverse) et un non moins spectaculaire jeu de scène, fruit de longues et studieuses répétitions. Ainsi qu'autour de la guitare d'un mélomane averti, les voix de gaies luronnes, autant dans leur élément lorsqu'elles paradent sur les courts raquette en bandoulière qu'à faire les malines à crapoter dans un micro et tailler des costumes de gourmandise sur mesure aux roses éminences du club... Le tout, à la bonne franquette, servi entre deux tranches de jambon de pays, un banc de gambas mayonnaises et de gouteux éclairs de pâtisserie. Quatre vingt, c'est juste la vingtaine quatre fois multipliée. A savoir, l'expérience acquise, décuplée par la force de l'âge sans rien avoir perdu de sa prime et insouciante jeunesse qui infuse. Qui fait désormais même des petits et dans les yeux d'Adèle nous plonge à l'horizon d'y revenir pendant toutes ces prochaines années, charmés par ce goût de balle à nul autre pareil. Parfois singé mais jamais égalé !

2017